couverture du livre "hold-up planétaire

Dominique Nora :Pourquoi les fabricants d’ordinateurs, qui sont des entreprises puissantes, ne se rebellent-ils pas contre les diktats de Microsoft ?

Roberto Di Cosmo :Ce qu’il faut savoir, c’est que depuis de longues années, les fabricants ne gagnent pas beaucoup d’argent sur le matériel. C’est sur les logiciels que les éditeurs font des bénéfices importants,parce que ceux-ci ont un coût marginal quasiment nul. Une fois qu’un logiciel a été réalisé, avec un coût d’investissement parfois très élevé, on peut le dupliquer sur un CD-Rom pour quelques francs par copie ou bien le transmettre par réseau… à la charge de celui qui l’achète. Le matériel, lui, a un coût incompressible : l’écran 17 pouces que vous payez 5 000 francs a peut-être coûté 2 000 ou 3 000 francs au constructeur, et ce prix de revient ne baisse que très faiblement avec l’augmentation du volume des ventes. Les marges bénéficiaires sur la vente de hardware sont donc infimes. Et sur ces marchés, il s’exerce une concurrence à couteaux tirés : les fabricants luttent pour gagner quelques francs sur la fabrication.

Il est donc tout à fait impensable qu’un constructeur d’ordinateurs prenne le risque d’être le seul à payer les licences Windows, Office ou autres, ne serait-ce que cent francs plus cher que ses concurrents. Car Microsoft pourrait très bien, par mesure de rétorsion, refuser aux fabricants qui se montreraient trop indépendants d’acquérir les licences « par modèle » à prix réduit. Et un constructeur qui serait obligé de payer la « licence par copie » sur plus de la moitié de ses ventes ferait immédiatement faillite !

Ces grands groupes informatiques, qui donnent une impression de puissance, sont en réalité des colosses aux pieds d’argile.
Ils sont menés par le bout du nez par les vrais patrons de cette industrie : Microsoft et, dans une moindre mesure, Intel.

Roberto Di Cosmo, Dominique Nora

Le livre est disponible intégralement en ligne!

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