Dominique Nora :Pourquoi la communauté des informaticiens qui, à vous entendre, pense tant de mal des produits Microsoft,
ne s’est-elle pas exprimée plus tôt ?
Roberto Di Cosmo :(...)Pour être tout à fait sincère, je pense que la communauté des informaticiens se souciait peu
de ce que Microsoft berne le grand public, pour lequel elle avait une certaine condescendance.
Pas la peine d’expliquer la vérité à ces gens-là, se disent les chercheurs :
si on ne rentre pas dans le détail, ils ne nous croiront pas ;
et si on rentre dans les détails, ils ne nous comprendront pas.
À l’inverse de ce qui se passe en physique ou en mathématiques,
aucun grand informaticien n’a vraiment pris la peine de faire oeuvre de pédagogie.
Dominique Nora :La ligne de défense classique de Bill Gates est que ses produits sont plébiscités par les consommateurs.
Si les logiciels Microsoft sont si mauvais, pourquoi ont-ils réussi à séduire la planète ?
Roberto Di Cosmo :(...)la variété des tomates fraîches avec lesquelles vous cuisinez
n’impose pas de les pulvériser dans un broyeur Moulinex plutôt qu’un autre…
En revanche, un traitement de texte doit pouvoir fonctionner sur un système d’exploitation,
qui lui-même doit pouvoir fonctionner sur la machine.
Et il faut que ces textes soient transmissibles à quelqu’un d’autre,
qui doit être capable de les lire.
Si bien que, en l’absence de standards ouverts, le choix d’un système de traitement de texte
n’est pas aussi libre qu’on le croit. Si une entreprise veut mettre tous ses employés sur la même longueur d’onde,
elle est presque contrainte de choisir le standard dominant. Tout est lié.
Et l’éditeur de logiciels qui, comme Microsoft, contrôle le point central de la chaîne — le système d’exploitation —
est naturellement en position d’influencer les décisions d’achat sur tout le reste.
(...)À haut niveau, les patrons sont comme les hommes politiques :
ils disposent de dix minutes, au mieux, pour chaque décision.
Le plus souvent, ils ne connaissent pas la question et n’écoutent pas les techniciens de base qui, eux, savent.
Ces P.-D.G. disent en substance à leur directeur informatique :« Faites le bon choix ».
Et ces derniers font le choix de Microsoft… essentiellement pour se couvrir.
Parce que l’on ne peut pas être réprimandé pour avoir choisi l’éditeur qui équipe 90 % du marché.
Mais cela ne veut pas dire que l’utilisateur de base a choisi Windows : il se l’est laissé imposer.
Et puis, si cette solution ne donne pas satisfaction, ce n’est pas si grave :
Microsoft explique que, de toute manière, il ne tardera pas à sortir une meilleure version du produit !
Roberto Di Cosmo, Dominique Nora
4 réactions
1 De cleanettte - 08/03/2007, 05:58
Je suis bien convaincu de notre dépendance à Microsoft seulement il faut bien avouer que vouloir faire sans Microsoft prend du temps (que je n'ai pas) et provoque bien des contrariétés: le monde des logiciels libres même s'il fait de plus en plus parler de lui reste assez hermétique aux néophytes.
2 De Luc - 08/03/2007, 21:10
Je ne crois pas que ce soit de temps dont on a besoin pour se libérer de Microsoft, mais d'une petite dose de curiosité pour sauter le pas!
Je ne sais pas ce que tu fais avec ton ordinateur, mais tu trouveras très souvent un équivalent de tes logiciels en version libre!
Ah oui, c'est vrai aussi qu'on change "un peu" nos habitudes, mais elles reviennent très vite!
Et puis aujourd'hui, c'est un peu l'inverse, j'ai du mal à réutiliser Windows chez moi!
3 De cleanettte - 10/03/2007, 13:27
La curiosité je l'ai mais il faut tout de même prendre un peu de temps pour regarder ça sérieusement. Disons surtout que jusqu'à présent j'ai pris la voie de la facilité en achetant toujours des pc avec windows pré-installé. Il faut dire que dans mon trou perdu un pc assemblé sans windows coute aussi cher qu'un pc de marque avec windows! donc on perd l'intérêt financier. Mais je viens de réveiller celle de mon mari alors on va tenter le coup sur un vieux coucou
4 De Luc - 10/03/2007, 15:25
Allez, essayez, je vous assure que ça fait même pas mal!